La cryptosporidiose

Agent causal

Les organismes Cryptosporidium sont des protistes microscopiques appartenant au groupe des Apicomplexa (Fig. 1). Plus de 20 espèces du genre Cryptosporidium peuvent être à l’origine de la cryptosporidiose, une infection parasitaire qui se développe chez l’Homme et de nombreux animaux. Six espèces de Cryptosporidium peuvent infecter l’Homme dans le monde mais la plupart des infections humaines sont attribuées à C. parvum et C. hominis.

Figure 1. Oocystes (forme de résistance) de Cryptosporidium colorés au Ziehl-Neelsen (à gauche) ou fluorescents (à droite). Crédits photos: G. Certad, laboratoire BDPEE, Institut Pasteur de Lille.

 

Cycle biologique

Les animaux et les hommes se contaminent en ingérant les formes résistantes et infectieuses de Cryptosporidium : les oocystes qui contiennent 4 sporozoïtes infectieux. Ces oocystes peuvent être présents dans les eaux récréatives ou de boisson ainsi que sur les fruits et les légumes. La transmission a alors lieu par voie oro-fécale.
Après l’ingestion, l’oocyste s’exkyste et le parasite envahit les cellules intestinales épithéliales. Dans ces cellules, le parasite subit des multiplications asexuée et sexuée, donnant ainsi lieu à des oocystes nouvellement formés qui, dès qu’ils atteignent l’environnement, sont immédiatement infectieux pour un nouvel hôte ou qui peuvent maintenir un cycle d’auto-infection.

 

Figure 2. Cycle biologique de Cryptosporidium spp. (Center for Disease Control & Prevention)

Prévalence

Les organismes du genre Cryptosporidium sont répartis dans toutes les régions du monde sauf l’Antarctique. Ils sont plus fréquents dans les pays en développement.

Leur transmission est zoonotique puisque les êtres humains (ou les animaux) peuvent acquérir l’infection en ingérant des produits agricoles ou de l’eau contaminés par des matières fécales provenant d’êtres humains, de bovins ou d’autres animaux d’élevage.

Les Cryptosporidium spp. sont parmi les pathogènes entériques les plus communs et les plus virulents parce que (i) l’oocyste est immédiatement infectieux suivant l’excrétion, (ii) un faible nombre d’oocystes est capable de provoquer l’infection, (iii) les oocystes peuvent résister durant des mois dans l’environnement et (iv) peuvent survivre pendant 10 jours dans des eaux récréatives même correctement chlorées.

Deux espèces de Cryptosporidium ont été décrites chez les poissons mais aucune donnée n’a montré qu’elles pouvaient infecter les espèces mammifères. Néanmoins, il a été rapporté que des sous-types de Cryptosporidium qui sont infectieux pour l’Homme pouvaient infecter les poissons (the Fish-Parasites network, données non publiées ainsi que Koinari et al., 2013). Le risque d’ingérer du poisson cru contaminé par des oocystes de Cryptosporidium est rare mais ne peut être exclu.

Signes cliniques

La sévérité de la maladie varie en fonction de l’âge, du statut nutritionnel et immunitaire de l’hôte et est aussi en relation avec la virulence de l’espèce ou de la souche de Cryptosporidium. Beaucoup d’infections sont asymptomatiques, spontanément résolutives et souvent non diagnostiquées. Le symptôme principal est la diarrhée aqueuse. D’autres symptômes peuvent être des crampes abdominales, une fatigue, des nausées et une anorexie. Fièvre et vomissements peuvent aussi survenir. La diarrhée due à Cryptosporidium tend à persister plus longtemps (médiane de 5-10 jours) que celle causée par d’autres pathogènes gastrointestinaux.

Chez les adultes immunocompétents, la maladie guérit spontanément. Chez les enfants (en particulier dans les pays en développement), la diarrhée dure souvent 14 jours ou plus. La cryptosporidiose est la seconde plus grande cause de maladie diarrhéique et de mort chez les enfants. Chez les personnes atteintes par le VIH/SIDA (avec un taux de CD4 inférieur à 100 cellules/ml), la diarrhée peut être sévère et accompagnée de malabsorption, perte de poids et fort nombre de cas de mortalité.

Prévention

La prévention contre les organismes du genre Cryptosporidium est difficile à cause du leur fort pouvoir infectieux et de leur résistance à la désinfection. L’espoir d’améliorer la prévention se base sur le développement d’un vaccin efficace pour la population à risque, principalement les enfants et les personnes immunodéprimées. Entre temps, on pourra recommander à ces personnes fragiles de consommer de l’eau minérale, d’éviter les eaux récréatives (même correctement chlorées), de bien cuire les aliments qui peuvent être contaminés par les oocystes (fruits, légumes, poisson, etc.) et de se savonner les mains avant de préparer la nourriture ou de la manger.

Références

Chalmers RM & Katzer F. 2013. Looking for Cryptosporidium: the application of advances in detection and diagnosis. Trends Parasitol. 29(5):237–51. doi:10.1016/j.pt.2013.03.001

Checkley W, White AC Jr, Jaganath D, Arrowood MJ, Chalmers RM, Chen XM, Fayer  R, Griffiths JK, Guerrant RL, Hedstrom L, Huston CD, Kotloff KL, Kang G, Mead JR, Miller M, Petri WA Jr, Priest JW, Roos DS, Striepen B, Thompson RC, Ward HD, Van  Voorhis WA, Xiao L, Zhu G, Houpt ER. 2014. A review of the global burden, novel diagnostics, therapeutics, and vaccine targets for Cryptosporidium. Lancet Infect Dis. Sep 29. pii: S1473-3099(14)70772-8. doi: 10.1016/S1473-3099(14)70772-8.

Koinari M, Karl S, Ng-Hublin J, Lymbery AJ, Ryan UM. 2013. Identification of novel and zoonotic Cryptosporidium species in fish from Papua New Guinea. Vet Parasitol. 198(1-2):1-9.

Shirley DA, Moonah SN, Kotloff KL. Burden of disease from cryptosporidiosis. 2012. Curr Opin Infect Dis. 25(5):555-63.

Striepen B. 2013. Parasitic infections: Time to tackle cryptosporidiosis. Nature. 503(7475):189–91.

Liens utiles

CDC

Fiche ANSES sur Cryptosporidium

Réseau national de surveillance de la cryptosporidiose, Crypto-Anofel

Eurosurveillance

WHO, Risk assessment of Cryptosporidium in drinking water

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